- Autisme, la piste génétique
NEUROLOGIE
Autisme, la piste génétique
Plusieurs études ont identifié des mutations génétiques associées à l'autisme. Les gènes impliqués jouent un rôle dans le fonctionnement des synapses. En accordant sa part à l'inné, cette découverte lève le voile sur ce syndrome complexe.
Au début de l'année 2008, notre équipe a décrit une souris génétiquement modifiée présentant un comportement de type autistique [1] . En mutant un seul gène impliqué dans l'autisme chez l'homme, nous sommes donc parvenus à reproduire certains troubles du comportement, similaires à ceux du syndrome humain chez la souris (lire « Des souris atteintes d'autisme ? », ci-contre). Quelques mois plus tôt, une autre souris du même type avait été générée par l'équipe de Thomas Südhof à l'université du Texas [2] . Depuis que le syndrome a été décrit en 1943 par le psychiatre Leo Kanner, l'autisme a suscité un débat que l'on pourrait résumer ainsi : naît-on autiste ou le devient-on ? (lire « De la mère aux gènes : une erreur réparée », p. 42). Mais depuis cette époque, la définition du syndrome a été élargie. On parle désormais des « troubles du spectre autistique » (TSA) qui affectent un enfant sur deux cents. À côté de l'autisme de Kanner, caractérisé par trois critères, troubles des interactions sociales, de la communication verbale, gestes répétitifs et stéréotypés, les TSA incluent d'autres formes, comme le syndrome d'Asperger * ou encore le syndrome de Rett * . Cet élargissement du spectre a permis de montrer, grâce aux découvertes qui se sont succédé depuis 2003, que des facteurs génétiques sont en cause dans certaines formes d'autisme. Si tous les gènes impliqués sont loin d'avoir été découverts, nous comprenons déjà mieux le rôle de certains d'entre eux. Synapses altérées Tout a commencé en 2003. Cette année-là, nous avons identifié pour la première fois des mutations altérant deux gènes du chromosome X chez des frères dont l'un était atteint d'autisme et l'autre du syndrome d'Asperger [3] . Ces gènes codent chacun respectivement une protéine, la neuroligine 3 et la neuroligine 4 qui sont impliquées dans le fonctionnement des synapses. Cette découverte nous a lancés sur la piste de la « voie synaptique » [4] . De quoi s'agit-il ? ...
Thomas Bourgeron,Marion Leboyer,Richard Delorme
Thomas Bourgeron,Marion Leboyer,Richard Delorme
[1] S. Jamain et al., PNAS, 105, 1 710, 2008.
[2] K. Tabuchi et al., Science, 318, 71, 2007.
[3] S. Jamain et al., Nature Genetics, 34, 27, 2003.
[4] Durand et al., Medecine Science, 24, 25, 2008.
[5] F. Laumonnier et al., Am J Hum Genet, 74, 552, 2004.
[6] The autism genome project, Nature Genetics, 39, 319, 2007.
[7] J. Melke et al., Molecular Psychiatry, 13, 90, 2008.
[8] M.B. Wasdell et al., J. Pineal Res., 44, 57, 2008.
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