- Le risque d'autisme multiplié par deux à proximité des autoroutes
Le risque d'autisme multiplié par deux à proximité des autoroutes
Les enfants nés à proximité d'une autoroute
présentent deux fois plus de risque d'autisme © AFP PHOTO / Robyn Beck 20/12/2010
La proximité d’une autoroute pendant la grossesse peut multiplier par deux les risques d’autisme chez l’enfant à cause de la pollution de l’air. Des chercheurs américains ont examiné 563 enfants âgés de 2 à 5 ans, dont 304 autistes, et ont découvert que ceux qui vivaient à moins de 300 mètres d'une autoroute à leur naissance (10 % des enfants) présentaient un risque d’autisme deux fois plus élevé, rapporte le Los Angeles Times. « Cela ne veut pas dire que la pollution de l’air ou les embouteillages favorisent l’autisme, précise Heather Volk, chercheur au Saban Institute of Children’s Hospital de Los Angeles et principale auteure de l’étude. Il pourrait néanmoins s’agir de facteurs qui contribueraient à son développement ». D’après le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, un enfant sur 110 serait atteint d’autisme aujourd’hui, et les cas ont augmenté de 57 % aux États-Unis entre 2002 et 2006, mais les médecins ne savent toujours pas si cette augmentation n’est pas simplement due à une augmentation et à une amélioration des dépistages.
Article de air urbain le 22/12/2010
La proximité d’une autoroute pendant la grossesse pourrait multiplier par deux les risques d’autisme chez l’enfant, à cause de la pollution de l’air. C’est la question que soulève une étude publiée le 17 décembre dans le très sérieux « Environmental Health Perspectives ».
Il est encore difficile aujourd’hui de savoir ce qui provoque l’autisme [1] et pourquoi le nombre de cas augmente, particulièrement aux Etats-Unis. Alors qu’il n’y a pas encore de véritable remède à la maladie - même si certaines thérapies peuvent atténuer les symptômes, surtout si elles sont commencées tôt - de plus en plus de chercheurs pensent que l'autisme est déclenché par « contact environnemental » chez des individus prédisposés génétiquement.
D’après le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies ( CDC), 1 enfant sur 110 naît atteint d'un trouble du spectre autistique (TSA), et les cas ont augmenté de 57 % aux Etats-Unis entre 2002 et 2006. Mais cette augmentation est-elle simplement due à une amélioration du dépistage ?
L ’ étude http://ehp03.niehs.nih.gov/article/fetchArticle.action?articleURI=info%3Adoi%2F10.1289%2Fehp.1002835 qui vient d’être publiée est troublante. 563 enfants âgés de 2 à 5 ans, dont 304 autistes, vivant dans des communautés autour de Los Angeles, San Francisco et Sacramento ont été examinés par les chercheurs. Ceux-ci ont découvert que les enfants qui vivaient à moins de 300 mètres d'une autoroute à leur naissance (10 % d’entre eux) présentaient un risque d’autisme deux fois plus élevé que les autres.
« Cela ne veut pas dire que la pollution de l’air ou les embouteillages favorisent l’autisme », précise Heather Volk, chercheure au Saban Institute of Children’s Hospital de Los Angeles et principale auteure de l’étude. Mais « il pourrait néanmoins s’agir de facteurs qui contribueraient à son développement », précise-t-elle.
Les chercheurs ont par ailleurs contrôlé les autres facteurs qui auraient pu influencer le développement de l’enfant durant la grossesse, comme par exemple l’âge de la mère ou l’exposition au tabac. Mais le constat reste le même : la proximité d’une autoroute reste le lien principal avec l’autisme.
Etonnamment, les résultats sont moins probants si la mère était proche d’une route principale durant sa grossesse. « C’est sans doute dû au type et à la quantité de produits chimiques dispersés sur les autoroutes comparées aux routes principales. A Los Angeles, certaines autoroutes ont un trafic de 300.000 véhicules par jour », rappelle Heather Volk.
Pour Gayle Windham, chef de l’unité Surveillance épidémiologique du département Santé et environnement de la Californie, ces résultats sont à nuancer. Pour elle, difficile d’affirmer que la pollution de l’air est un facteur de risque pour l’autisme tant que l’on n’a pas mesuré le niveau exact de pollution auxquelles étaient exposées les femmes enceintes. « Les chercheurs ont utilisé des mesures d’évaluation indirectes (proxy measures) pour la pollution de l’air, et ne précisent pas si ces femmes passaient plus de temps chez elles, ou en dehors, durant la grossesse. »
Reste que de nombreux scientifiques sont d’accord pour dire que l’exposition chronique à la pollution durant la grossesse peut avoir des effets sur le fœtus. Des niveaux élevés de monoxyde de carbone (CO), de dioxyde d’azote (NO 2) et de particules ont été liés à un risque plus élevé de prématurité et de faible poids à la naissance. Les produits tels que l’ozone (0 3), le dioxyde de soufre (SO 2) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont également été identifiés comme dangereux pour le fœtus.
Certains pensent également que le mercure peut avoir des incidences sur le nombre de cas d’autisme, (une polémique avait éclaté aux Etats Unis après une vaccination), mais le sujet reste en débat. L'organisme des personnes atteintes (et en particulier le cerveau) semble toutefois contenir plus de métaux lourds que la moyenne.
Les échappements de diesel sont peut-être en cause, estime l’auteure de l’étude, mais il faudra davantage de recherche pour pouvoir donner des recommandations aux femmes enceintes résidant à proximité d’une autoroute, celle-ci étant en effet la première de ce genre.
« Nous nous attendons à trouver des douzaines de facteurs environnementaux ces prochaines années, chacun d’entre eux contribuant probablement à une fraction des cas d’autisme. Il est presque sûr que la plupart de ces facteurs opèrent en conjonction avec d’autres expositions et/ou avec la génétique », estime Irva Hertz-Picciotto, co-auteure de l’étude.
En France, l'autisme concernerait plus de cent mille personnes, enfants et adultes confondus. Les hommes sont plus touchés (trois cas sur quatre). Mais ce chiffre est en dessous de la réalité, la prise en charge insuffisante ne permet pas d’établir des chiffres précis.
[1] L'autisme infantile a été décrit par Kanner en 1942 ; il s’agit d’un trouble affectif de la communication et de la relation avec conservation de l'intelligence
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