Michèle Bernier : "J'ai essayé d'être le plus sincère possible"

Actrice, comédienne, metteur en scène, Michèle Bernier est une artiste aux multiples facettes. Pour ce téléfilm, elle campe le rôle de Marion Sheller, chanteuse de jazz professionnelle qui a privilégié sa carrière à sa famille. Elle a, de ce fait, placé dès sa naissance sa fille Ella, handicapée mentale, dans un centre spécialisé. L'adolescente retrouve sa mère dix-huit ans plus tard pour renouer des liens avec celle qui l'a abandonnée.

FRANCE-SOIR. Parler du handicap mental à travers la musique était-il plus facile ?
Michèle Bernier. Pour ce téléfilm, l'équipe est partie d'un fait réel car le groupe musical Les Poissons Marteaux existe bel et bien. Willy Gouders, musicien et éducateur, les entraîne patiemment depuis très longtemps maintenant. On découvre à travers cette comédie dramatique que les déficients intellectuels sont capables de prouesses artistiques.

Vous êtes-vous préparée à ce rôle ?
Pas réellement. J'ai tout simplement essayé de faire un travail de qualité et surtout de sincérité. L'équipe partait un peu dans le brouillard car les acteurs du film ne sont pas de vrais acteurs (NDLR : élèves issus du Créahm, Créativité et handicap mental, centre d'art pour handicapés de Bruxelles). Mais ils ont été tellement formidables et gentils que tout s'est bien passé. Il a seulement fallu anticiper certaines actions, s'adapter et improviser quand la situation le demandait.

Votre personnage affiche une bonne humeur au fil du temps. Avez-vous voulu dédramatiser le handicap mental ?
Le sujet part plutôt dans le dramatique. Mon sourire fait que je les accepte. Au fil du temps, j'allège le sujet. Le chemin du film ne devait pas se réaliser dans la brutalité mais s'installer dans le temps. Dans une scène, votre fille vous rejette alors que vous vous rapprochez d'elle.

La situation s'est-elle inversée ?
Cette scène du film n'a rien à voir avec le handicap. L'équipe du film a plutôt voulu montrer qu'Ella, ravie de retrouver sa mère, ne voulait pas la partager avec son amie, elle-même déficiente. C'est pour cette raison qu'elle éloigne son amie de moi, de peur que je m'occupe plus de son amie que d'elle. Cette scène s'apparente plus à la jalousie ressentie par Ella qu'à l'exclusion de la mère.

Quel est votre moment fort du film ?
Ce n'est pas une scène du film en particulier mais ce qui s'est passé en dehors du tournage. Un des protagonistes du film qui joue le rôle du batteur m'a émue. Yannick, 32 ans, handicapé mental, n'avait jamais parlé auparavant. C'est le tournage qui l'a conduit à la parole. C'est un moment émouvant que je garderai toujours en mémoire.

Quelle suite donner à ce téléfilm ?
J'aimerais bien tourner une deuxième partie….