- Les stéréotypies
Comprendre la nature des stéréotypies
L'enfant autiste vit notre monde comme s'il s'agissait d'une série de diapositives qui n'auraient aucun lien les unes avec les autres. Il ne crée pas de liens entre une action et une réaction, entre une question et une réponse. Le contexte, quel qu'il soit, lui échappe tout à fait,ou plutôt est vécu par lui comme un bombardement de stimuli sans signification précise. Tout en lui, que ce soient ces sensations ou encore ses perceptions , est fragmenté, local. Chaque sensations, chaque perception, est toujours vécue comme un phénomène nouveau, différent et donc imprévu. C'est la raison pour laquelle une situation banale et quotidienne est souvent appréhendée de manière paniquante par l'enfant.
Si la perception de son propre être est impossible, et a fortiori la conception de l'autre, est- ce si incohérent, si bizarre, de recommencer des dizaines de fois le même geste lorsqu'on ne com-prend pas ? Lorsqu'on ne prend pas par soi-même et pour soi-même ? Et qu'on ne perçoit pas l'autre en tant que destinataire d'un appel, en tant que possibilité de réponses à ses questions? L'enfant autiste est mentalement en permanence perdu dans un monde dont il ne conçoit pas la signification, car pour signifier encore faut-il disposer d'un code commun entre les êtres. Or, un code signifiant nécessite une démarche, un élan hors de soi vers ce qui est perçu comme autre.
Mais si tout cela est absent, chez l'enfant, ce n'est pas pour autant qu'il n'a pas en lui-même un mode d'ancrage, certes rigide et répétitif et qui n'est pas proprement parler " communicant ". Ce mode d'ancrage lui est propre et a sa logique intrinsèque : ce sont ses stéréotypies.
Il s'agit d'un mode qui a une structure particulière : il ne fait pas appel à l'autre, il est eternel retour vers lui-même, un " lui même " qu'il définit pas en tant qu'être concient d'être ce qu'il est. Autrement dit, il s'agit d'un mode formel, dont l'essence est le geste, un geste restreint et répétitif qui ne renvoie qu'à lui même : il ne s'agit donc nullement d'un moyen intentionnel. Il se crée, en quelque sorte, ses points de repère, qui restent, étant donné sa manière de percevoir le monde environnant, fragmentés, fissurés, parcellaires, sans possibilité de s'articuler à l'Autre.
Cependant, ce rituel de soitude peut engendrer un système de liens, et à ce titre, on peut en tirer parti. On peut en tirer parti dans la mesure où l'enfant reprend toujours le même sens, toujours la même cadence, et c'est par ce sens et cette cadence que l'on peut entrer dans son monde. Car, qui dit sens et cadence, dit possibilité de marche à suivre, et de terme à envisager. Certe l'enfant n'est pas lui-même concient de cette configuration, et n'est bien entendu pas capable de l'envisager, mais cette marche et ce terme sont potentiellement existants."
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